vendredi 15 février 2013

Dans les vignes de Nantes...

La semaine dernière s'est tenu à Angers le salon des vins de Loire, grand rassemblement de la filière viticole ligérienne. L'occasion pour moi d'aller découvrir en avant-première le millésime 2012, rencontrer quelques vignerons partenaires, et passer un bon moment! 

Mais plutôt que d'essayer de vous décrire les innombrables vins dégustés, je veux partager avec vous un de mes coups de coeur de ce salon: les vins de Vincent Caillé, du domaine le Fay d'Homme.

Situé au coeur de l'appellation Muscadet, Vincent Caillé produit une multitude de cuvées à base de melon de bourgogne et autres cépages locaux (folle-blanche, abouriou,...), avec pour fil rouge un travail important dans la vigne (conduite en viticulture biologique), une maîtrise des rendements et de longs élevages sur lies (les lies sont les résidus de fermentation qui, laissés dans la cuve/barique, vont apporter du gras et de la complexité aromatique au vin).

Parmi ses nombreuses cuvées, deux ont retenu mon attention et mes papilles:

Monnières Saint-Fiacre 2009: ce vin est un Muscadet Sèvre-et-Maine qui fait actuellement l'objet d'une démarche de création d'une appellation "cru communal" (en Bourgogne, nous dirions Premier Cru) afin de valoriser les particularités géologiques du terroir dont il est issu, et l'expression qu'il en révèle.
Les communes de Clisson, Gorges et Le Pallet ont déjà obtenu cette distinction, espérons que cela ne saurait tarder pour Monnières-Saint Fiacre.

C'est un muscadet aux notes discrètes de vanille et mandarine, très minéral et d'un superbe équilibre. On perçoit bien le gras apporté par les 30 mois d'élevage sur lies, la matière est magnifique et le vin jouit d'une très belle longueur.

Opus N°7:  ce second muscadet bénéficie d'un élevage en fûts de chêne et se révèle très expressif, sur de belles notes de fruits confits, et présente en raison de l'élevage un joli boisé parfaitement intégré à la structure du vin. Belle puissance également, à regoûter dans quelque temps pour observer son évolution!

Avec ces deux vins, le cépage "melon de Bourgogne" n'aura jamais aussi bien porté son nom! En effet, je leur ai tous les deux trouvé un caractère bourguignon, de par certains arômes, certaines sensations, et d'ambitieuses puissances et longueurs...

Une vraie réconciliation avec le Muscadet!

Par ailleurs, Vincent Caillé a le bon goût d'être un homme charmant, qui a pris du temps pour présenter ses vins et sa démarche malgré l'affluence à son stand! Merci Vincent et à bientôt, au domaine cette fois!

vendredi 8 février 2013

"J'veux du soleil!"

Bonjour à tous!

Un peu de soleil aujourd'hui pour égayer une grise après-midi parisienne, avec un vin de Lanzarote, île de l'archipel des Canaries!

Une vue des vignes (source: Wikipedia)
Curiosité intéressante, la vigne produisant ce vin est plantée dans des sables volcaniques. Lanzarote est une île qui a connu de nombreuses éruptions volcaniques au cours de son histoire, éruptions qui ont transformé les méthodes culturales locales. 


Les habitants se sont adaptés à ce nouvel environnement et ont appris à cultiver la vigne sur un sol a priori hostile mais qui s'est révélé être un allié contre le climat chaud et sec de l'archipel. 



Le manteau de sable volcanique retient en effet la rosée et l'humidité de l'air, hydratant ainsi la vigne. Une hydratation préservée par des murets de pierre dressés en arc-de-cercle qui protègent la vigne des vents asséchants.


Nous sommes à Lanzarote donc, au coeur de La Geria, vallée viticole de l'île. Ce vin provient de la bodega Stratus, et l'on remarquera le soin tout particulier apporté au packaging: une bouteille grande et élancée, des inscriptions en relief sur le verre de la bouteille, une étiquette et contre-étiquette travaillées... 

Dans le verre maintenant, nous retrouvons la chaleur et le soleil du berceau de ce vin. Grosse concentration d'arômes dans le verre, avec un nez très confituré, légèrement épicé, sur des notes de cerise et de fruits noirs très murs. La bouche est ample et puissante, les tannins sont très jolis, serrés et bien intégrés à la structure du vin. La puissance est telle que l'on est à la limite du déséquilibre, heureusement rattrapée par une acidité affirmée.
On décèle également l'élevage sous bois (6 mois de passages en fûts), qui apparaît à travers de légères notes vanillées bien intégrées à l'ensemble.



J'ai dégusté avec un bel onglet aux échalotes, qui a su trouver sa place face à la forte personnalité du vin. Mais pour la prochaine fois, j'opterai pour un accord avec une bolognaise maison, simple, efficace et délicieux! Pour tester, vous trouverez  ICI une recette aux petits oignons signée Enrico Bernardo (enfin, de sa mère pour être précis!).

Très jolie découverte que ce vin, merci à Alexandre Meyer pour ce coup de soleil!

mercredi 6 février 2013

Il est né le (di)vin bio...

Bonjour à tous !

Après avoir passé quelque temps au vert, enfin loin du blog, je vais vous parler un peu de vin biologique...Enfin surtout des raisons pour lesquelles il n’existait pas, jusqu’à aujourd'hui !

Jusqu’à présent, seule la culture du raisin pouvait effectivement être qualifiée de « biologique ». Les labels existants (le label AB par exemple) ne s’intéressent en effet qu’à la viticulture, pas à la vinification ! Qui reste une étape primordiale si vous souhaitez boire autre chose que du jus de raisin…
Cette partie du processus d’élaboration du vin n’est donc pas concernée par la certification, alors que là aussi de nombreux produits de synthèse peuvent être utilisés! C'est le cas par exemple des levures exogènes, adjuvants au vin qui favorisent les fermentations. Elles peuvent même aromatiser le vin selon les levures choisies... Ah, le fameux goût de banane du Beaujolais!

Mais ça c'était avant, n'est-ce pas?
Le nouveau label "vin biologique"

Depuis le 1er août 2012, un label européen "Vin biologique" existe, qui contrôle toutes les étapes d'élaboration du vin (culture des raisins et vinification). 

Certaines pratiques oenologiques sont ainsi bannies du cahier des charges du vin bio, et ces nouvelles contraintes s'appliquent dès le millésime 2012.


Mais des voix dans le mileu viticole s'élèvent déjà contre ce nouveau label, jugé trop permissif. A la lecture du décret européen, il semblerait en effet que ce nouveau label puisse se retrouver sur de nombreux flacons, dont la philosophie de travail restera assez éloignée de celle des ardents défenseurs du bio. Certains vont plus loin en affirmant que l'on a ouvert la voie au bio de supermarché, produit en masse et à bas coût pour satisfaire les buveurs de labels...

Choisissons plutôt de voir le verre à moitié plein, et espérons que cet acte de naissance du vin biologique est le premier pas vers un renforcement du contrôle des pratiques oenologiques, avec en ligne de mire un objectif: transparence et qualité pour le consommateur.

Pour approfondir le sujet, voici quelques liens intéréssants:

Un  bon article avec des témoignages de vignerons:
http://www.vindicateur.fr/3061-Le-vin-bio-existe-(et-son-frangin-affranchi-aussi).php

Bonne synthèse et rappel des différents modes de culture de la vigne:
http://www.chateauloisel.com/analyse/vin-bio.htm

Et pour les très curieux, plein d'infos sur la viticulture biologique, les cahiers des charges existants, les contrôles,... :
http://www.vignevin-sudouest.com/publications/fiches-pratiques/vinification-biologique.php